je n'étais pas
sa régulière,
je n'étais pas
la légitime,
pas son épouse
pas une mère
pas la jalouse
pas la victime
moi je n'étais
que l'autre femme,
celle qui avait
bien malgré elle
allumé cette
petite flamme
dans la cachette
de ses prunelles
je ne veux rien
mais sachez-le,
il était bien
auprès de moi :
à son réveil
c'étaient mes yeux
à son oreille
c'était ma voix
et sa faiblesse
et sa fatigue
sous mes caresses
disparaissaient…
que dites-vous
de notre intrigue ?
nous jugez-vous
donc si mauvais ?
pas de morale
non s'il vous plaît,
pas de scandale,
c'était ainsi
(parfois le conte
est imparfait)
je n'ai pas honte
de notre vie
je viens poser
près des couronnes
mon cœur blessé
dans quelques fleurs,
laissez-le là
qu'il s'abandonne
dans les lilas
bleus de mes pleurs
nous l’aimions tant,
vous comme moi,
il fut amant
à nos deux lits
sur nos chemins
sous nos deux toits,
mais mon chagrin
est interdit...
je vais rentrer...
la maison vide
me parlera
encore de lui
et pour dompter
le soir livide
il restera
nos temps enfuis