Je n'ai pas vu le temps passer,
je ne l'ai pas vu s'écouler dans le flot de la vie qui va.
J'ai fait, j'ai défait, j'ai refait,
j'ai appris, désappris, oublié,
j'ai chanté, fait silence, crié, pleuré, ri, j'ai vécu et je vis et j'avance.
J'ai tenté de gagner des courses contre plus fort que moi.
Je me suis arrêtée parfois, le temps ne passait plus et l'ennui grandissait,
et je voyais les autres et la vie s'éloigner
car le chemin continue
sans cesse.
Le bord des routes défile toujours et celui qui n'avance pas recule et disparaît,
et je me suis dit que le but était
de toujours chercher le point d'équilibre.
Mais j'ai senti mon dos souffrir, quelques cheveux tomber, ma peau se fâner, mes gestes ralentir, ma patience diminuer, mon souffle raccourcir, ma voix se voiler, mon sommeil s'alléger, ma mémoire me lâcher, mon regard se durcir, mon sourire se crisper, mon envie diminuer, mon besoin augmenter, ma vie m'échapper.
J'ai demandé au temps " pourquoi ?". Je suis partie gagnante dans ce défi de vivre, j'avais des ambitions, la soif des grands départs et des grandes aventures,
j'ai déjoué les écueils et veux encore les déjouer,
pour toujours apprendre, désapprendre, oublier, chanter, faire silence, crier, pleurer, rire, vivre et vivre encore.
Dans quelle mesure ai-je pu décider des choses ?
Lit-on un livre de façon différente quand on en connaît la fin ?
Aurais-je fait autrement ? Aurais-je vécu ailleurs ou d'une autre manière ?
C'est toujours sur le seuil que se posent les questions.
Reviendras-tu demain ?
Réponds-moi avant que je ne ferme la porte,
que je sache s'il faut retenir ton regard dans le mien.