Au pied des murs abandonnés,
Les boussoles se fatiguent,
Toutes dirigées vers un zénith qui sommeille.
Mais toi,
Rescapé de tant de naufrages,
Tu te repères sur les cartes gravées
Dans les murs de l’inoccupé et du sauvage.
Tu sondes l’invisible.
Tu pressens l’intérieur.
C’est pour cela que la pulpe de tes doigts frappe parfois les portes métalliques :
Tu as appris, sans t’en douter, d’autres façons de compter le temps.
C’est pour cela que tu imagines, la nuit,
Des créatures aquatiques échappées de légendes séculaires,
Et le frémissement de leurs longues chevelures,
Léger comme le souffle caressant les champs juste avant la moisson.
Des veilleurs s'engouffrent dans les ruelles adjacentes
Pressés par la voix grave d'un carillon d'église désertée.
Sur ton radeau,
Tu attends qu’une sirène ouvre la porte.
(© Clotilde de Brito 2018 - tous droits réservés)