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  • : Au tour de Clo
  • : Décryptage humoristique (ou non) des choses de la vie, délires poétiques, réflexion et bonne humeur.
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2 février 2017 4 02 /02 /février /2017 15:13

Je suis là les bras ballants, à ne pas savoir quoi faire de mon corps, ballottée d'un moment à un autre ; à ne pas savoir quoi faire de ma tête ; à imaginer passer les idées sans m’arrêter sur une seule. Je suis vide, pleine de courants d'air dans mon crâne creusé, asséché, sans but, sans action. Complètement éteinte, mais en mouvement pourtant. Animée de gestes ayant perdu le sens, je m’agite sans pouvoir fixer ma pensée sur une réflexion particulière.

 

Je zappe d’une image à une autre, j’écoute sans vraiment entendre, sans saisir le sens, sans attraper le fil qu’il faut suivre. Je ne sais plus me concentrer. Je suis dispersée, évaporée dans l’air, éparpillée, éparpillée, les molécules écartelées, séparées les unes des autres, arrachées, je ne suis plus vraiment moi, une unité, et je ne sais plus exactement si je suis ici ou là-bas car je suis ici et là-bas.

 

Alors je continue frénétiquement à taper sur le clavier, à ouvrir des onglets, à tendre l’oreille à l’enceinte droite pendant que grésille l’enceinte gauche. Je désynchronise mes mouvements, mes mots. Mes mots se détachent les uns des autres, ne forment plus corps, ne font plus phrase, se délitent en sémantique inutile car sans idée, sans signification. Il y a trop, trop d’informations, trop de choses à gérer, à digérer, trop de gens à contacter, de messages auxquels il faudrait répondre, et mes bras, mes mains, mes bras, sont impuissants à gérer la situation et mon cerveau non plus ne suit plus. Je ne sais, je ne peux plus. Les mots n’ont plus vraiment de sens, ce ne sont que des syllabes ânonnées et je ne fais plus le lien. D’ailleurs les syllabes ne ressemblent plus à des syllabes mais juste à des lettres posées les unes à côté des autres sur le clavier Azerty. Azerty, A-Z-E-R-T-Y : la seule chose que j’imagine bien, que je vois, ce sont les lettres en caractères majuscules sur les petites touches de mon clavier, et les images sur l’écran d’ordinateur, les photos, les dessins, les logos, les vidéos. Ça bouge, ça bouge plus vite sur l'écran que dans ma tête; je n'arrive plus au final à faire le lien, à attraper le fil, le fil du sens. Je suis happée, attrapée par l'écran, étripée, éviscérée, serrée dans l'étau.

 

Et là sous mes doigts des carrés noirs avec des signes dessus, des signes, c'est quoi c'est quoi ces signes ? j'ai su ce que c'était, c'est quoi ? pourquoi mes doigts se promènent, s'agitent, gesticulent, indépendamment de moi, mus par leur volonté propre ?

 

A qui sont ces doigts ? ces mains ? mygales agrippées sur une toile invisible ? Elles me semblent familières mais étrangères pourtant. Ma tête part en arrière, mes idées s'avalent, se replient les unes dans les autres, s'invaginent comme les anses d'un intestin qui me dissout dans l'acidité de ses sucs.

 

Chose... Je ne suis plus qu'une chose. Les yeux rivés, crevés, éclatés dans un abîme profond que je ne peux sonder.

 

Il faudrait débrancher la machine, que mes mains se posent, que mes yeux se ferment, que les lettres se reforment peu à peu dans mon esprit agité et se combinent à nouveau en mots et en phrases, en idées. Ne plus m'éparpiller en molécules dissociées. Retrouver un sens. Redevenir unité dans le temps et l'espace. Débrancher la machine.

 

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commentaires

A
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une découverte et un enchantement. N'hésitez pas à venir visiter mon blog. au plaisir
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