Dans les mains de l'enfant doux
Somnolait un martinet
Confus et blessé au cou,
Un oisillon gringalet.
Était-ce un jet de caillou
Qui l'avait, de plein fouet,
Percuté près des égouts
Où le tendre enfant jouait ?
En l'approchant de sa joue
Où une larme roulait,
Le garçon aux yeux de loup
Dans sa poitrine sentait
Que cédaient tous les verrous.
Il possédait un coffret :
Il voulut le mettre au clou
Pour soigner son martinet.
Il en obtint deux trois sous
Et un modeste billet,
Acheta quelques louzous,
Réchauffa le maigrelet.
Hélas, le corps déjà mou...
Le faible souffle à l'arrêt...
L'oiseau, sur les fins genoux,
Mourut et s'en fut en paix.
Accroché à un vieux clou
Pendouillait le martinet.
Pas un faux, pas un joujou,
Un véritable fouet !
L'enfant en reçut trois coups :
"On ne vend pas des coffrets
Pour soigner pies et coucous !
Ah vraiment c'est le bouquet !
Et ton bec, je te le cloue
Si tu as d'autres projets !"
Quand l'élan est bon et doux,
Quand l’ardeur est juste et vraie,
Faut-il rester dans les clous
Ou bien agir en secret ?
Et lequel est d’après vous
Le plus précieux des coffrets ?
Que s’émoussent tous les clous
Éperons des cœurs mauvais !
Que l’enfance rie et joue
Et volent les martinets !