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  • : Au tour de Clo
  • : Décryptage humoristique (ou non) des choses de la vie, délires poétiques, réflexion et bonne humeur.
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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 22:15

J'ignore si les conteurs, écrivains, poètes et autres seront d'accord avec moi, mais il me semble que lorsqu'on tient un bon début d'histoire, on ne sait jamais trop comment va se poursuivre l'aventure, ni comment elle va finir. Il y a mille façons d'en inventer la suite, suivant son humeur, son envie, suivant qui on est et ce qu'on veut transmettre. Mille paramètres entrent en compte, et entre le conte de fées et le roman noir, il n'y a parfois qu'un pas d'hésitation suivant que l'on a repris deux fois de la mousse au chocolat au dîner ou que l'orage gronde sur les toits.

 

Voici ci-dessous le début d'une histoire à compléter. Je me suis amusée à imaginer ce que l'exercice donnerait si différents auteurs, caractères ou styles voulaient s'y prêter.

 

"Treize heures. Un peu à l'écart de la boulangerie, une femme assise en tailleur tend sa main sale aux passants. Un carton repose sur ses genoux : "j'ai faim, donné moi une pièce, un ticket restaurant ou à manger SVP". Pris de pitié pour la malheureuse, je coupe mon sandwich en deux et lui en tends la moitié."

 

Dans quel sens les auteurs et personnages ci-dessous feraient-ils évoluer les choses ? En quelques mots, quelle serait leur suite de l'histoire ?

 

Shéhérazade : Soudain entre les tranches de pain rompues, une feuille de salade se redresse, commence une danse amusante et se transforme peu à peu en génie vert et joufflu. Il saisit la main de la femme et du narrateur et les conduit dans un nuage de fumée bleue à l'intérieur d'une boulangerie géante où les cerises confites sont grosses comme des ballons de baudruche.

 

Michel Houellebecq : La fille lève un regard torve vers le narrateur et sort un flingue brillant de son vieux sac. Elle le pointe sur la tête du gars. "Tu croyais quoi pauv' type ? que t'allais me sortir de là avec ton pauvre bout de pain ? que t'allais me culbuter peut-être ?" Elle tire. Le corps tombe. Elle croque dans le sandwich sec, mâche, avale une bouchée et jette le reste dans le caniveau. Elle se lève. "Monde pourri."

 

un prêtre : Voilà, voilà ce que St Martin aurait fait s'il y avait eu des sandwichs à son époque !

 

Amélie Nothomb : Le narrateur s'apprête à partir mais le regard de la femme le retient. Elle l'intrigue. Puis il se décide à reprendre la route mais au bout de quelques pas, une sensation étrange l'envahit. Il se retourne. La femme est là, silencieuse. Elle le suit. Il fait un pas, elle en fait un. Elle le suivra comme cela à distance sans dire un mot jusque chez lui. Elle passera la nuit devant sa porte, le lendemain, elle sera là et le suivra à nouveau jusqu'à ce qu'elle disparaisse laissant un malaise durable chez le narrateur.

 

Patrick Cauvin : Le narrateur part tout content de lui, se félicite du sourire que lui a rendu la jeune fille, mais vingt minutes après, son estomac qui gargouille lui rappelle qu'il a encore faim. Et zut.

 

Walt Disney : La jeune fille était en fait une princesse et en croquant dans le sandwich, elle se retrouve habillée avec une robe de princesse avec des paillettes et des dentelles. Ils se marièrent et ouvrirent un Starbuck coffee.

 

un jeune idéaliste : Mais est-ce vraiment à la population de régler le problème de la faim ? le problème de la mendicité ? J'en appelle au gouvernement, à ceux qui sont au pouvoir et aussi à ceux qui sont dans l'opposition et à ceux qui n'ont pas d'opinion ! Laissera-t-on des gens crever la dalle devant une boulangerie ?? C'est inadmissible !

 

un publicitaire : "Le sandwich de boulangerie ? Tellement bon qu'on le partage !"

 

Bescherelle : "Je vous donnerai ce sandwich si vous corrigez la faute qu'il y a sur votre carton. Donnez, c'est EZ, pas E avec un accent aigu. On est à l'impératif, vous comprenez ? Donnez c'est  ???" "Donner c'est donner, alors tu me lâches et tu me donnes ma bouffe !" "Infinitif puis présent de l'indicatif, n'oubliez pas le S à la deuxième personne du singulier. Bonne journée."

 

Victor Hugo : Les yeux brillants de reconnaissance, la femme murmure un merci d'une voix émue. Elle sent d'un coup peser sur elle le poids de sa déchéance. Elle aimerait s'élever au-dessus de sa condition, et porter son âme à la hauteur du geste que cet homme a eu pour elle. Ce jour marquera le début de sa réhabilitation, de son retour au monde. Elle travaillera, prendra des cours et plus tard elle tendra elle-même une main secourable à un homme qui viendra de voler des couverts en argent.

 

 

Voilà. Lorsque l'inspiration me manquera, lorsque la muse sera partie en vacances sans m'envoyer de carte postale, je me dirai : "Et eux ? Et d'autres ? comment continueraient-ils mon histoire ?" Et je ne serai plus seule devant la page blanche.

 

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