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  • : Au tour de Clo
  • : Décryptage humoristique (ou non) des choses de la vie, délires poétiques, réflexion et bonne humeur.
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27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 12:20

Petit (gros ?) délire où je réveille des velléités de démiurge ! Ou comment l'auteur de théâtre peut se vouloir tout-puissant...

 

Décor

Un salon meublé en style Louis Philippe, à l'exception d'une chaise Henri II peinte en rose trônant au milieu de la pièce. Bibliothèque en fond de scène possédant 256 livres, rangés par ordre alphabétique des auteurs. Trois tiroirs dans lesquels se trouvent 17 clés. Pieds de la bibliothèque légèrement usés par les 4 précédents déménagements. Huit chaises dont les dossiers sont tournés vers le public. Un tapis de 1956 orange et bleu occupe le cinquième de la scène.

Le soleil se couche 9 fois pendant la pièce. Il se lève 9 fois. On le comprendra grâce à l'ombre changeante sur le plateau. Le coq ne chante pas. Aucun coq ne doit chanter pendant la représentation de la pièce dans un rayon de 25km. Si un coq chante, la représentation doit être annulée et les comédiens battus par les deux plus jeunes spectateurs avec des branches de houx cueillies le 27 novembre par temps de pluie.

 

 

Personnages

- Robert : homme de 55 ans et 3 mois (l'acteur sera changé tous les mois pour les besoins de vraisemblance de la pièce), moustachu, chauve sur le sommet du crâne et portant les cheveux longs tressés à l'arrière. Il porte un survêtement bleu marine et blanc et des baskets violettes. Une serviette blanche à rayures noires lui entoure les épaules. Tout le long de la pièce, il restera assis sur le bord de la chaise Henri II. Ses fesses ne doivent en aucun cas toucher le dossier de la chaise.

- Carole : Femme blonde de 28 ans mesurant 1,79 et chaussant du 37. Pieds nus, elle porte une tunique en soie jaune. Elle est assise à califourchon sur l'une des chaises. Elle changera de chaise pendant les moments où la scène sera dans le noir et s'y installera toujours à califourchon.

- Suzanne : Femme noire de 39 ans à l'accent suisse de l'est très marqué. N'a plus d'annulaire droit. Elle porte une robe en laine rouge, une ceinture noire, des chaussures noires plates à boucle.

 

 

La pièce sera jouée uniquement le mardi et le vendredi en après-midi ou le soir, les jours impairs.

Durée de la pièce : 48 minutes 22 secondes

 

DIDASCALIES

 

 

Suzanne (inquiète, le sourcil droit légèrement relevé, le pied gauche indique un angle de 40 degrés avec le bord de scène où elle se trouve. Tout à coup elle court à l'allure de 6.3 km/h vers la bibliothèque, prend le 58ème livre, et le cache sous sa robe) : Ce que le feu nous a pris...

 

Carole (statique, les yeux fermés) : Dans le tiroir à gauche... non pas là, sous le soleil des armures...

 

Robert (s'arrachant les cheveux) : Mais pourquoi ?

 

Carole (toujours statique, ouvre soudainement les yeux) : L'homme n'a jamais conscience de sa fin.

 

Robert (jetant à Carole une poignée de cheveux) : Je te hais.


Suzanne (en retirant le livre caché sous sa robe) : Il fallait que cela se sache.

 

 

NOIR

 

 

Suzanne (remet le 58ème livre à sa place et prend le 173ème livre) : Ce que le feu nous a pris...

 

Carole (se retourne yeux ouverts vers Carole) : Dans le tiroir à gauche... non pas là, sous le soleil des armures…

 

Robert (en retirant ses baskets) : Mais pourquoi ?

 

Carole (se retourne vers Robert et lui crie) : L'homme n'a jamais conscience de sa fin.

 

Robert (jetant une basket à la figure de Carole) : Je te hais.


Suzanne (en s'allongeant par terre et en feuilletant le livre) : Il fallait que cela se sache.

 

 

NOIR

 

 

Suzanne (renverse la bibliothèque Louis Philippe, la fouette avec sa ceinture et lance sur le public les 17 clés rangées dans les tiroirs) : Ce que le feu nous a pris...

 

Carole (les bras grands ouverts) : Dans le tiroir à gauche... non pas là, sous le soleil des armures…

 

Robert (se cachant le visage dans la serviette à rayures) : Mais pourquoi ?

 

Carole (se met debout sur sa chaise) : L'homme n'a jamais conscience de sa fin.

 

Robert (se désignant avec les deux index) : Je te hais.


Suzanne (arrachant les pages des livres qu'elle ouvre) : Il fallait que cela se sache.

 

 

FIN

 

Pour tout commentaire argumenté de la pièce, merci de formuler votre demande auprès de l'auteur (moi-même). Quelques pistes : 256 c'est "2 puissance 8", donc 2 à la puissance de l'infini renversé.... Il y a 17 clés, 179cm, une pointure 37, uniquement des nombres premiers, donc indivisibles !!! Cette pièce aborde, via ses didascalies, l'indivisibilité du monde et la rage contre son caractère supposé infini (signifié par le renversement du 8)... L'absence d'annulaire à la main de Suzanne, l'incapacité de Robert de toucher un dossier, la couleur jaune de la tenue de Carole sont autant d'éléments pouvant être discutés pendant des jours !!! C'est formidable autant de commentaires possibles, pour un texte écrit en 30 minutes !!!!

 

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commentaires

G
Une vraie déco de campagne, comme j'aime ! Quel talent de créativité, et pour ce billet, comme pour l'ensemble du site d'ailleurs. Voilà, juste pour ce compliment, même si j'ai eu du mal à comprendre le coup de la puissance infini à l'envers (le temps que ça monte au cerveau sans doute).
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C
Merci pour votre message. Pour ce qui concerne votre question, un 8 "renversé" (en fait horizontal) est le signe de l'infini. Mais tout ce texte est très capillotracté, ce n'est pas nécessaire de le comprendre, c'est juste un petit amusement...