Dans une petite boulangerie
Un voleur breton et blafard
Par ses joues rouges s'est trahi
moralité :
Le filou a piqué un far
Dans une petite boulangerie
Un voleur breton et blafard
Par ses joues rouges s'est trahi
moralité :
Le filou a piqué un far
Pour réviser l'histoire de France,
La fredonner est un délice !
Choisissez le moment propice :
Au déjeuner, la Renaissance
Car quatre hymnes de midi six...
Deux promeneurs sans parapluie
Qui courent vers le port de Saint Cast
Quelques minutes avant la nuit
Quand le vent souffle dans les mâts...
Quand les marées n'existent plus
L'estran n'est plus qu'un souvenir
Est-ce la mer est-ce la nue
Qui déshabille leurs soupirs ?
Cheveux mouillés et doigts tremblants
Quel bel après-midi d'hiver !
La plage est vide maintenant
Sous la lune au front insulaire.
Ils avaient voulu voir Saint Cast
Comme d'autres veulent voir Vesoul,
Marquer la jetée de leurs pas
Avant que leur temps ne s'écoule...
Deux promeneurs sont à l'abri
Sous une coque de bateau
Que le hasard semble avoir mis
Entre gouttes et flaques d'eau.
Reviendront-ils se balader
Quand le printemps refleurira
Comme en ce lundi de janvier
Qui dort dans le port de Saint Cast ?
Pas des villes
Pas des champs
Pas du ciel... D'où je viens ?
Pas facile
Pas marrant
Je suis périurbain
Pas les tags
Pas la terre
Pas le vent pour rêver
Pas les vagues
Pas la mer
Qui puissent m'enlever
Je vis à côté
Ma mère bosse
A vingt bornes
Et mon père prend le train
Et moi gosse
Aux yeux mornes
Dans le car le matin
Ni perdu
Ni ancré
Electron sans atome
Cou tordu
Oeil fixé
Sur les blocs d'homes sweet homes
Je vis à côté
A côté
Tout au bord
A la périphérie
Le quartier
Où l'on dort
Pas loin de la ZI
Ma maison
Est clonée
Les haies ne poussent pas
Les nuits sont
Allumées
Mais le jour, pas un rat
Je vis à côté
Pas d'histoires
Ni racines
Accrochées à ces pierres
Et le soir
Je dessine
Des buildings sans lisière
Bord du vide
Bord du monde
Dans des vies éclatées
Envie de
Mappemondes
Pour enfin respirer
Pas des villes
Pas des champs
Pas du ciel... D'où je viens ?
Pas facile
Pas marrant
Je suis périurbain
Je suis une fille à terminus
Je vais toujours au bout des lignes
Lignes de vie, lignes de bus
Parfois le chauffeur me fait signe
Il faut descendre maintenant
Sans doute quelqu'un vous attend
Mais quand j'arrive au terminus
Mes yeux s'égarent sur la carte
Je me perds dans ce papyrus
Avant que le car ne reparte
Je refais parfois le chemin
Dans l'autre sens et sans dessein
Les arrêts d'avant terminus
Sont des escales éphémères
Des relais pour des sauts de puce
Ou des pauses dans le désert
Pour ceux qui descendent avant
Qui ont quelqu'un qui les attend
J'aime les gens des terminus
Ceux qui sont bien déterminés
A ne pas descendre du bus
Avant d'avoir tout sillonné
Et qui se collent dans un coin
Front à la vitre ticket en main
Y a-t-il après les terminus
D'autres limites à traverser ?
D'autres routes, d'autres opus,
D'autres frontières à explorer ?
J'aimerais bien de temps en temps
Aller plus loin, aller plus grand
La nuit venue au terminus
C'est le silence qui s'installe
Après le dernier angélus
Viennent les heures des diagonales
Les heures qui appellent demain
D'autres trajets, d'autres matins
Je suis une fille à terminus
Je vais toujours au bout des lignes
Lignes de vie, lignes de bus
Parfois le chauffeur me fait signe
Il faut descendre maintenant
Sans doute quelqu'un vous attend
un matou écrase entre ses grandes ratiches un piaf blême et faiblard
le caniveau déborde
il pleut des cordes
des cris s'échappent des cages d'escalier, des voitures aux vitres teintées se garent
chantant le dernier tube
une fille titube
un réverbère épileptique se la joue vieux stroboscope, au numéro 9 il doivent halluciner
en fréquence d'hypnose
ils prennent leur dose
un camion rempli de caisses remplies de volailles remplies d'antibiotiques écrase la chaussée
et le chauffeur s'endort
ça sent la mort
des rideaux s'écartent derrière les fenêtres graisseuses et laissent deviner une vie de formica
sans rêve et sans forme
une vie de normes
un coup de vent balaie les mégots à peine éteints qui roulent vers une cannette de Coca
une paire de gants se fond
dans un buisson
le hurlement d'une sirène déchire l'asphalte tranquille, dans un moment rouge de flammes
un homme court devant lui
un chien le suit
des écrans diffusent des lumières bleues dans des appartements sans joie ni drame
on ne voit que des ombres
la nuit est sombre
Je sais bien
Qu'il ne faudrait pas
Que j'abuse
Du bon vin
Du coup de Calva
De la Suze
Ca ne sert
Ca ne sert à rien
D'oublier
Le désert
De nos jours chagrins
Tout noyés
Je sais bien
Qu'il faut avancer
Sans béquille
Sans soutien
D'une bonne lampée
Qui pétille
J'ai perdu
Le goût de l'effort
Dans un verre
Attendu
Rempli d'alcool fort
Aux deux tiers
Je sais bien...
C'est la rengaine
De la bouteille
Celle du buffet
Celle du comptoir
Celle sans témoin
Comme celle du soir
Celle de demain
Comme de la veille
Je sais bien
Que ça monte trop
A la tête
Et combien
D'heures dans les bistrots
Aux buvettes
Tant de temps
Dans les nébuleuses
Et remplir
De serments
Ma bouche pâteuse
Et mentir
Je sais bien
Que j'ai dit cent fois
C'est fini
J'en conviens
J'ai trop mal au foie
C'est promis
Et pourtant
J'y reviens encore
Et me traîne
Tristement
Parfois ivre mort
De mes peines
Je sais bien...
C'est la rengaine
De la bouteille
Celle du buffet
Celle du comptoir
Celle sans témoin
Comme celle du soir
Celle de demain
Comme de la veille
Je sais bien
Que jamais ses yeux
Ne voudront
Dans les miens
Revoir nos glorieux
Abandons
Et je trinque
Depuis son départ
Je m'étiole
Sur le zinc
Où parfois j'égare
Mes paroles
Je sais bien
Que les amours passent
Quand on veut
Mais je tiens
A garder la trace
De nous deux
Et l'alcool
Me berce sans fin
De chimères
Au formol
De ton coeur défunt
Adultère
On lui a dit souvent
Que le travail libère,
Qu'il rend indépendant,
Qu'il rend adulte et fier,
Que l'on se sent utile,
Que l'on se sent actif,
Que tout est plus facile
Quand on est productif.
On lui a dit aussi
Que s'il ne trouvait pas,
C'était par inertie,
Paresse et embarras.
Et pourtant son CV
Il le connaît par coeur,
A force d'envoyer
Des lettres aux recruteurs.
Ca ne doit pas conv'nir...
Ou c'est lui le problème...
Est-ce lui sans avenir
Ou est-ce le système ?
Y a trop de candidats
Pléthoriques en diplômes,
Pas assez de contrats
Dans ce drôle de royaume.
Le marché du travail,
C'est pas l'marché aux puces :
Une bonne trouvaille,
C'est tout un processus.
On veut qu'il soit mobile,
On veut qu'il soit flexible,
Trilingue et volubile,
Et toujours disponible,
Un brin perfectionniste,
Mais souple cependant,
Une nature altruiste,
Mais l'air indépendant.
"Combien d'heures pouvez-vous
Assurer en semaine ?
Déménager d'un coup,
Est-ce que ça vous gêne ?
Avez-vous des enfants ?
Pensez-vous en avoir ?
Votre moteur : l'argent,
L'idéal, le pouvoir ?
Ce trou dans le CV
Ces dix mois de chômage,
Comment vous l'expliquez ?
C'est étrange à votre âge.
Et pourquoi ces études ?
Et pourquoi cette option ?
Pourquoi cette inquiétude
Devant cette question ?
Vous n'êtes pas assez....
Vous me semblez un peu...
Vous êtes dépassé,
Il y a trop d'enjeux.
Même si on s'adapte
Et malgré nos efforts,
D'autres semblent plus aptes
D'autres semblent plus forts.
J'aimerais bien vous dire
Qu'on vous rappellera,
Mais autant en finir :
Vous ne convenez pas."
C'est p'têt lui le problème
Il entr' pas dans les cases,
Dans les cases du système
Il se sent pas en phase.
Il voudrait qu'on lui dise
Les codes pour devenir
De ceux que l'on courtise,
De ceux que l'on désire.
Mais quand devant l'ordi,
Pôle Emploi point fr,
Il cherche un paradis
Il entrevoit l'enfer.
Avoir un job décent,
Un salaire régulier,
Pas des mille et des cents,
Est-ce trop demander ?
Mais il faut pour cela
Se conformer au moule,
Sourire et faire du plat;
Etre "sérieux mais cool".
Suivre le mouvement,
Etre dans son époque,
Et à aucun moment
Dire "ma meuf est en cloque".
Ne pas être hésitant,
Bien répondre aux questions
Cerner ce qu'on attend,
Devenir un mouton...
Mais il l'a bien compris
Derrière sa cravate :
Devenir mouton, oui,
Mais mouton à cinq pattes.
Exemple de mise en scène : lecture d'une lettre de déclaration d'amour sur laquelle sont tombées quelques gouttes de pluie (ou lettre écrite avec des crayons fatigués...). Pour certaines strophes, les deux premiers vers peuvent être lus dans un premier temps, puis on peut reprendre les trois vers en entier, ou seulement relire le 2e et rajouter le 3e.Ca sera plus clair en lisant le texte... (note : à la lecture, le premier vers doit faire 2 pieds, et le 2e, 6 pieds). Ce texte peut aussi se faire à deux, la 2e personne lisant uniquement ce qui est en italique en changeant la première personne en 3e personne. C'est limpide tout ça non ???
Cher ange
Ton parfum de chèvre-
Feuille
M'enivr'
Faudrait que tes lèvres
Veuillent
S'unir
Aux miennes, dans mon e- (dans mon nez... bah, c'est un peu dégoûtant...)
Space,
Dire des
Mots démodés, des mots
D'passe
Notre
Couple a des airs d'abat- (oui, paraît qu'on est rognons)
Jours
Qui dif-
Fusent leur éclat au-
Tour
Au lit
Jouons sans animo- (... sans animaux ? bien sûr sans animaux ! je ne suis pas de ce genre-là moi)
Sité
Oh la !
Qu'avais-tu imagi-
Né ?
Même
Si tu préfèr' les brin- (ah... ah bon ?... tu préfères les bruns ?)
Dilles
Je ne
Te ferai pas de bis- (oh... un petit bisou quand même)
Bille
Un jour
Faudra que tu me tu- (ça tu n'es pas obligé)
Toies
Car "vous"
Ca fait un peu rabat- (les marocains ils vouvoient ??)
Joie
Tu as
Visité des pay- (moi aussi j'aime bien voyager)
Sans
Est-ce
Ca qui te rend bien con- (non non, les agriculteurs sont des gens très bien)
Tent ?
Mais tu
N'veux plus tenir les chan- (ben c'est beaucoup de travail...)
Delles
Quitte à
Devoir changer de bor- (avant de prendre cette décision je suis là tu sais ?)
Del (euh...en fait euh...)
Si tu
N'aimes pas mon habi- (c'est joli ce que je porte pourtant ?)
Tude
De sans
Cesse faire des inter-
Ludes
Je ne
Te prends pas plus de ton (oui, de thon, car c'est le poissonnier que je draguais)
Temps
Je pars
Je n'ai plus un sentim- (j'ai tout dépensé...)
Ent
Sous l'auvent qui claque et répand
Des gouttes tout autour de nous,
Nous oublions que nos vêt'ments
Sont tout mouillés jusqu'aux genoux.
Nous écoutons la pluie tomber,
Ton bras se serre contre mon bras,
Et le ciel aime à surplomber
Les fourmis qui s'agitent en bas.
Sur les trottoirs gris et luisants
Fleurissent quelques parapluies
Et accélèrent les passants
Aux ombres fines et bleuies.
Tu fixes tes bouts de chaussures,
Moi je lève les yeux aux nues :
Que les desseins de la nature
M'accordent un instant de plus !
Je crains que l'ondée se termine
Et que tu t'écartes de moi,
Je préfère choper une angine
Et rester ainsi dans le froid.
J'imagine ta main dans la mienne
Pour m'entraîner parmi les gens,
Courir dans les flaques, hors d'haleine,
Vers le répit d'un autre auvent.
J'ai peur que l'averse finisse
Avant d'avoir eu le courage
D'amorcer un semblant d'esquisse
De mouvement vers ton visage.
Puis la pluie s'arrête. On est là.
On reste sous l'auvent trempé.
On n'a pas même bougé d'un pas,
J'ai cru t'entendre soupirer.
Il y a trois ans en automne,
Ton bras se serre contre le mien,
Et sur les trottoirs plus personne
Pour voir mes doigts mêlés aux tiens.
Depuis, d'autres journées plus belles
Se sont levées sur nos matins,
Mais toujours l'auvent nous rappelle
Un jour d'octobre au temps de chien.
Et quand la pluie vient s'inviter
A nos fenêtres sans rideaux,
Quand elle s'amuse à imiter
Le bruit de nos coeurs sous les eaux,
Tes mains racontent à mon épaule
Le souffle du vent sur les toits,
Chaque fois que ta peau me frôle
Et voyage au-dessus de moi.