Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Au tour de Clo
  • : Décryptage humoristique (ou non) des choses de la vie, délires poétiques, réflexion et bonne humeur.
  • Contact

Recherche

Liens

20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 09:39

Il est bon parfois de se remettre en tête l'histoire des grandes inventions qui ont permis au monde d'aujourd'hui d'être le monde d'aujourd'hui, et parfois même le monde de demain... Il est bon également de se souvenir que derrière chaque grande invention, il y a un grand inventeur...

 

Je vais donc faire l'éloge de Salomon Debain.

 

Salomon Debain est né. Je ne saurais vous dire quand ni où, mais si j'en parle, il a forcément existé et a fortiori il est né. Il vient au monde à une époque de transformation de la société, de profond changement . Une époque où les hommes rêvent de progrès et de pureté. Le savon à la lavande et les Coton-Tiges ont d'ailleurs été inventés l'année de la naissance de Salomon, ce qui a sans doute été déterminant dans le processus créatif du futur jeune homme.

 

Les enfants sont cruels. A l'école, où il est un élève assidu, Salomon est affûblé dès son plus jeune âge de toutes sortes de sobriquets et surnoms. Il lutte de toutes ses forces contre les moqueries de ses petits camarades :

- Eh ! Saumon !

- Même pas vrai, je ne mange pas de poisson !

- Eh ! Salami !

- Même pas vrai, je n'aime pas la charcuterie !

- Eh ! Salopiaud !

- Il ne faut pas dire de gros mot ! 

- Eh ! Sal' !

 

Il ne répond rien à ce dernier diminutif, à vrai dire, il le trouve plutôt cool, même si le mot n'existe pas à l'époque. Mais il ne veut surtout pas que l'orthographe de cette dénomination prenne un E, ce qui laisserait planer des doutes sur son hygiène corporelle. Alors en rentrant de l'école, il dit à sa mère : "Maman, je vais me laver, s'il te plaît, qu'on ne me dérange pas, ne rentrez pas dans la cuisine pendant ce temps". A l'époque, une bassine servait de baignoire et la seule source d'eau chaude provenait de la vieille bouilloire qui reposait le reste du temps dans la pièce à vivre et à tout faire, entre un tisonnier et un chat roux.

 

Malgré la demande de son fils, Mme Debain ne peut empêcher sa fille aînée, qui a un besoin urgent de ses sabots, d'entrer dans la pièce où se lave Salomon. En voyant entrer sa soeur, le garçon dont seule la tête dépasse de la bassine s'écrie à l'instar d'Archimède : "Eurêka" (car c'est le prénom de la jeune fille). Immédiatement une idée lui vient : "Eurêka, veux-tu bien dire à Maman qu'il faut absolument créer une pièce dans la maison spécialement dévouée à la toilette ? Chacun sera bien plus tranquille."

 

Plusieurs années passent avant que le projet ne prenne forme. Le père Debain ne veut pas en entendre parler, la mère n'a pas d'avis, Eurêka répète "c'est une bonne idée, mais comment la mettre en oeuvre ?" et Salomon économise chaque sou durement gagné à la sueur de son front (et à celui de sa soeur) pour construire la cloison qui fera sa gloire.

 

A 18 ans, et malgré les simagrées de son géniteur, son oeuvre est terminée. Il en parle autour de lui. Les gens se pressent pour voir "la pièce de toilette". La nouvelle de cette innovation arrive aux oreilles du maire, qui vient en personne admirer la trouvaille. Il en parle au sous-préfet, qui en informe le préfet, puis les plus hautes instances de ce pays... Vous dire que les plus grands hommes à la tête de l'état ont tous défilé dans la petite pièce miraculeuse est inutile, vous vous doutez qu'ils y vinrent tous.

 

La renommée du jeune inventeur fut immense. Je ne comprends d'ailleurs pas que de nos jours, on n'enseigne plus la vie et l'oeuvre de Salomon Debain dans les écoles... Cette célébrité le fit d'ailleurs appeler LE Debain, comme on nomma la chanteuse La Callas, le peintre Le Tintoret ou la vache la Noiraude.

 

On voulut changer le nom de la pièce qu'il inventa. On reprit le diminutif qui lui plaisait tant, Sal', auquel on rajouta LE Debain. L'évolution de la langue aboutit à sal-le debain, puis salle de bain, puisque une particule était nécessaire à la gloire de ce grand homme et rajouter un "de" qu'il avait par ailleurs déjà dans son nom lui aurait donné un aspect bégayant. D'ailleurs, les débats au sujet de cette particule et du nom à donner à l'invention donnèrent naissance à la phrase célèbre : "salle de Debain, ça sonne moins bien".

 

Voilà. Vous en savez plus sur Salomon Debain. La prochaine fois que vous vous brosserez les dents, ayez une petite pensée pour ce grand homme aujourd'hui tombé dans l'oubli.

 

Partager cet article
Repost0
14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 12:50

Dans le fond de la poche,

Un papier griffonné

A un air de reproche.

Un papier oublié.

 

Mais l'encre bleue s'efface,

Je ne peux distinguer

Le mot qui sous les traces

M'avait été légué.

 

Ce n'est pas une liste

De courses ni de corvées,

Ni l'adresse du dentiste

Que j'aurais conservée.

 

Ce n'est pas un mot doux

Car je l'aurais rangé

Dans la boîte en bambou

Où j'aime voyager.

 

Ce n'est pas un poème

D'un moment inspiré,

Ni la clé d'un problème,

Ni un code caché.

 

Dans le fond de la poche,

J'essaie de retrouver

La mémoire, c'est moche

De ne pas arriver

 

A savoir ce qui sur

Ce tout petit carré,

Cette ligne d'écriture,

Avait été marqué...

 

A tout prix  il me faut

Eclaircir mes idées.

Je me sers un verre d'eau...

Et ma robe est trempée !

 

Et là tout se révèle !

La fuite de l'évier !

Le papier me rappelle

D'appeler le plombier.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 10:57

Petite introduction :

 

Arriver dans une nouvelle ville

N'est pas une chose si facile

Et surtout quand elle est petite

On peut s'ennuyer assez vite.

 

Pour s'intégrer, on a le choix :  

Badmington, gym ou point de croix.

Hier, tous deux, nous sommes allés

Au cours d'andro et laridé.

 

 

NDA : hé hé ! c'est la première fois je parie que vous voyez le mot badmington dans un texte en rimes !

 

Voilà, tout est dit dans l'introduction : nous nous sommes inscrits cette année au cours de danse bretonne. Un cours à l'ambiance conviviale réunissant une trentaine de débutants et habitués.

 

Lorsqu'on arrive dans un groupe, il y a comme en littérature et en théâtre les adjuvants (ceux qui sont là pour vous aider) et les opposants. Et il est vital de bien repérer ces derniers pour éviter de se placer près d'eux (ils peuvent être très sympathiques par ailleurs, mais dans l'activité, ils tiennent ce rôle à la perfection).

 

Notons qu'il y a dans toutes les activités de loisirs des "opposants" : au cours de théâtre, celui qui ne laisse pas l'autre terminer ses répliques, au ping pong, celui qui vise malencontreusement la tête, à la peinture, celle qui donne un coup de coude alors que votre pinceau hésite à se poser sur la toile, à la gym, celle qui prend le dernier tapis... 

 

En danse bretonne, je dirais que l'opposant est celui qui, sans raison apparente, a décidé de faire de votre petit doigt une confiture de phalanges.

 

Lors du premier cours, on a tenté de me prévenir. Après une danse où mon auriculaire a un petit peu souffert de l'étreinte digitée de ma voisine de droite, cette dernière me confie qu'au début du cours, elle avait dansé avec la dame, là-bas, assise sur la chaise, et que son doigt et son épaule s'en souvenaient encore trois danses plus tard... Je retiens la mise en garde, mais... Passent une gavotte et un rond de Saint Vincent et je me retrouve auprès de la susdite dame à la chaise qui s'est levée pour danser un laridé 8 temps.

 

A l'exception des danses en couple, les danses bretonnes sont des danses communautaires et se pratiquent en chaîne ou en cercle. Disons qu'il y a deux types de danses bretonnes en groupe (dans les plus classiques, je vois d'ici arriver les puristes me dire que c'est trop simpliste) : celles où on se donne tous la main et où souvent notre avant-bras gauche se loge sous le coude droit du voisin de gauche (et où on loge l'avant-bras gauche de notre voisin de droite sous notre coude droit), et celles où on se tient par les petits doigts, en faisant des mouvements plus ou moins amples et plus ou moins synchronisés suivant l'avancement de l'apprentissage de chacun. Le laridé 8 temps fait partie de cette deuxième catégorie : petits doigts accrochés et balancier des bras, tantôt pliés, tantôt tendus...

 

Je danse déjà. J'ai pris des cours lors de mes jeunes années et fréquenté assez régulièrement les fest noz à la même époque (mais pas dans le même département, ni avec les mêmes mouvements de bras, ce qui a posteriori n'a pu qu'aggraver la situation).

 

Premières notes de musique. Le rythme est bien dans la tête. Allez on y va ! Un deux trois quat.. Aïïïïïïïïe !!! Mais ça ne va pas de serrer comme ça, pensé-je intérieurement tandis que de l'autre côté de la ronde, deux trois sourires compatissants m'encouragent à tenir bon et semblent me plaindre : "ben non, fallait pas te mettre à côté d'elle".

 

Au bout d'une vingtaine de secondes, craignant pour la survie de mon petit doigt mignon, et pour ne pas être obligée de quitter la danse et laisser le doigt de mon homme (placé à ma droite) se retrouver enserré dans ce piège, je propose à ma voisine mon index, en espérant secrètement que le frottement de ma bague lui fasse relâcher un peu son étreinte...

La voilà qui refuse. A ce moment-là je fais le parallèle avec le gars au théâtre qui ne te laisse pas finir ta réplique et qui te reproche en plus de ne pas bien dire ton texte...

 

J'ai tenu bon. La danse est passée. Mon doigt a mis une Scottish et un Hanter Dro à s'en remettre...

 

                                                                                *  *  *

 

Nous retournons à ce cours hebdomadaire avec plaisir et commençons à connaître quelques personnes. Mais j'ai bien retenu la leçon. Je ne me mets plus à côté de cette dame pour les danses "avec les doigts". Et j'évite de me mettre près de son mari, qui en plus d'avoir une énergie similaire dans ses auriculaires, porte une paire de sabots qui tapent vigoureusement le sol lors de la danse fisel. Ce genre de détail peut provoquer de petites sueurs froides lorsqu'on s'imagine l'état des orteils de sa voisine si un malencontreux accident de contretemps survient. D'un autre côté, rien de tel pour motiver à rester dans le rythme.

 

Leur fille d'une dizaine d'années vient de temps en temps danser avec nous. Lors du premier cours, elle portait une atèle sur deux doigts de la main...

 

 

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 22:12

Elle ne mâche pas ses mots

La poupée en papier mâché

 

Elle a beaucoup d'ego

La poupée en papier froissé

 

Elle n'est pas très aimable

La poupée en papier glacé

 

Elle tombe de la table

La poupée en papier gaufré

 

 

On voit se quereller

Des poupées de papier

Se crêper le chignon  

La poupée en papier crépon

Ne jamais adhérer

Celle en papier sulfurisé

Avoir l'air agressif  

Celle en papier abrasif

 

 

Elle revient d'Angleterre  

La poupée en papier bristol

 

Elle a des lignes à faire

La poupée en papier d'école

 

Elle bave quand elle boit  

La poupée en papier buvard

 

Elle décroche parfois  

La poupée en papier standard

 

 

On voit se quereller

Des poupées de papier 

Se crêper le chignon 

La poupée en papier crépon 

Ne jamais adhérer

Celle en papier sulfurisé

Avoir l'air agressif 

Celle en papier abrasif

 

 

Celle en papier cadeau

Se trouve un peu enveloppée

 

Celle en papier cristal

Se sent un peu fragilisée

 

Elle retourne aux fourneaux

La poupée en papier alu

 

Et celle en papier calque

Est décalquée et n'en peut plus...

 

 

On voit se quereller

Des poupées de papier

Se crêper le chignon

La poupée en papier crépon

Ne jamais adhérer

Celle en papier sulfurisé

Avoir l'air agressif 

Celle en papier abrasif.

 

On voit se quereller

Des poupées de papier

Pour être les chéries

Que les enfants admirent

Mais...

Poupées qui se déchirent

Finissent en confettis...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 17:11

"Ah ça ! c'est sûr qu'il vaut mieux attendre ici qu'être en rade sur le bord de la route", déclare avec un fort accent breton un de mes voisins qui demande des jeux à gratter. Je l'imite, mais sans prendre l'accent du coin. On me tend un petit panier en osier dans lequel des tickets de toutes sortes et de toutes couleurs sont mélangés. J'en choisis deux, je gratte, sous l'oeil attentif du patron.

 

- Perdu...

- Normal, ça fait deux ans que personne n'a rien gagné.

- Et vous ne me l'avez pas dit ?

- Vous ne m'avez pas demandé.

 

Il s'agissait d'une boutade : mon voisin a deux tickets gagnants. Je retente ma chance. "Deux tickets encore s'il vous plaît". Zut, je pensais qu'avoir la guigne d'un côté apportait de la chance de l'autre. Ah ! Huit euros ! Mon café est payé et mes jeux remboursés. Ce n'est pas grand chose, mais ça me rassure : j'essaie au possible de ne pas laisser la poisse s'installer. C'est un combat entre elle et moi. Je remonte aussitôt sur le ring sinon je suis foutue, la scoumoune s'installe pour deux trois semaines. C'est comme un rhume, faut traiter dès le début, faut pas laisser traîner ces choses-là !

 

NDA : Je rappelle cher lecteur que "jouer comporte des risques" comme le précisent si bien certaines annonces à la radio. Personnellement ça va bien, merci de vous inquiéter, je n'ai d'autre addiction que celle de connaître les statistiques de lecteurs sur mon blog chaque matin...

 

Mon téléphone sonne. Mon sauveur est arrivé. Je dis au revoir à la compagnie, les assure du plaisir que j'ai eu à partager un café avec eux. On me souhaite bonne route. Je franchis la porte et vois arriver sous la pluie nocturne mon homme, fier et droit, tenant dans la main droite un jerricane. Le réservoir suffisamment rempli, nous rentrons à la maison.

 

Voilà donc cher lecteur, comment j'ai connu la petite ville de Treglamus, et accessoirement, le seul bar où j'ai gagné plus d'un euro aux jeux à gratter en Côtes d'Armor.

 

 

                                                                               *******

 

EPILOGUE

 

Il y a des contes où le prince vient libérer la princesse d'un monstre légendaire, d'autres où il ramène la potion de vie pour ranimer sa douce évanouie après qu'une rose l'a piquée (mais tout va bien parce qu'elle est vaccinée contre le tétanos). Il y a des histoires où, alerté du danger par le vent du Sud et dépêché par une corneille bienveillante, le héros retrouve la route du combat. 

 

Dans les contes modernes, la princesse roule en Clio, la potion de vie est du carburant, le vent du Sud est un téléphone portable et la corneille un GPS.

 

Classiquement, le prince sauve la princesse d'une fin funeste : une mort certaine dans une forêt remplie de bêtes sauvages et affamées. Ou dans mon cas, la perspective peu réjouissante de trouver un petit hôtel pour la nuit, régler le problème d'essence le lendemain et rentrer penaude à la maison.

 

Ce qui ne change pas ? Le regard de reconnaissance de la damoiselle et l'air de fierté du gentilhomme, le baiser langoureux qui referme le livre, et l'assurance de vivre encore de bien trépidantes histoires.

Partager cet article
Repost0
5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 11:53

Oui il y a bien un gymnase à Treglamus. Mais sur le moment je suis loin d'y arriver.

 

Le même scénario que précédemment se profile : des petites routes sans marquage au sol et le panneau d'entrée de la ville qui tarde à apparaître. Je fais une autre pause à l'entrée d'un champ et rappelle mon ami pour lui demander où il en est de son côté. Le jerricane est plein, il va prendre la route pour me sauver (mon compagnon, pas le jerricane, enfin mon compagnon avec le jerricane). Nous raccrochons. Me voilà seule. La nuit est encore plus dense. La pluie s'est arrêtée momentanément et laisse place à un silence à peine troublé par le frémissement du vent dans le feuillage des arbres décharnés.

 

Je garde la tête froide, je ne suis pas du genre à paniquer.

Bon, peut-être un peu.

Bon d'accord je suis une grande anxieuse pleine d'imagination.

 

Et si la voiture qui passe derrière moi s'arrête et que son conducteur vient me trucider avec une hache ? Je vérifie que les portières sont bien fermées. Je pressens des loups qui rôdent autour de ma voiture. Avez-vous entendu parler du retour de la bête du Gévaudan ? On n'est pas dans le Gévaudan mais j'ai vu suffisamment de camions sur la route pour savoir qu'elle aurait pu grimper dedans et faire le trajet incognito... Pour me rassurer, je me dis que le chauffeur était un plat suffisamment consistant... Et puis se retrouver sur la route de Treglamus quand on vient de Lozère, cela doit être plutôt rare... J'abandonne l'idée d'un monstre affamé... Mais les fantômes ? D'accord il est trop tôt pour que des spectres sortent de terre mais certaines ombres dans mes phares ne m'indiquent rien qui vaille...

 

Je délire complètement, il faut redémarrer.

 

Prudemment, les yeux écarquillés sur les virages, je m'enfonce dans ces terres inconnues de l'Argoat. Quelques kilomètres plus loin, victoire ! Victoire ! Le fameux panneau blanc bordé d'un magnifique liseré rouge indique magistralement TREGLAMUS. Oh des maisons ! Des réverbères ! Une place où me garer ! Le retour à la civilisation m'émeut. Il pleut à nouveau mais je sors de mon véhicule sans parapluie, le visage baigné de joie et de gouttes d'eau grosses comme des billes.

 

J'entre dans le troquet du coin, m'installe au comptoir, commande un café rallongé. Le patron essuie des verres et discute avec mes deux voisins de droite. Derrière, inconscients du drame que je viens de traverser, quelques personnes jouent aux fléchettes et au billard.

 

J'explique au patron la situation, froidement, sans laisser transparaître la moindre émotion. "J'étais sur la RN12, le voyant du carburant s'est allumé à plus de 50 kilomètres de chez moi. Avec le mauvais temps et la nuit, j'ai préféré m'arrêter, trouver un endroit où me poser et attendre mon copain qui ne va pas tarder à venir avec un jerricane."

 

 

Comment ? Oui cher lecteur, l'histoire que je vous raconte peut très bien tenir dans les trois lignes précédentes. Alors pourquoi j'en fais trois épisodes ?? Je vous en pose moi des questions ? Non mais ! Alors c'est ça ? Vous le prenez comme ça ? Très bien... C'est fini pour aujourd'hui. Et vous savez quoi ? Il y aura un 4e épisode ! Ca vous apprendra !

 

(à suivre)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 23:05

En prenant la direction de Loguivy-Plougras, que j'imaginais plus près de la RN12 et moins loin de Belle-Isle-en-Terre, je n'ai pas pensé à l'absence totale de lumière sur cette route. Je ne croise plus de voiture (y a-t-il seulement la place de croiser un autre véhicule ?). Aucun poteau réfléchissant ne jalonne le chemin. Impossible de me fier à la ligne médiane absorbée depuis longtemps par l'asphalte... Je flirte avec le bas-côté en maugréant. Je prends des routes au hasard. La nuit et le réglage de mes feux un peu trop bas ne me laissent pas le temps de lire les rares panneaux de direction. Sur le pare-brise, le ballet des balais m'hypnotise dangereusement.

 

En désespoir de cause, j'emprunte une voie sans issue. Je m'arrête, laisse mes feux allumés, mets en route mes warnings et appelle mon ami.

"Plus d'essence... ne voulais pas tomber en rade sur la nationale plein de camions énormes... Il pleut ! Ca ne s'arrête pas ! Je ne sais pas trop où, près de Loguivy-Plougras, mais je ne vois rien. Je suis près d'un poulailler industriel, c'est la seule chose que j'ai repérée, et une maison plus loin... Tu viens avec un jerricane ? Merci mais tu ne me trouveras pas, je vais essayer de gagner quelques kilomètres."

 

"Wouaf wouaf. " Là ce n'est pas moi mais le chien de la susdite maison, un roquet sans doute sympathique en d'autres circonstances mais franchement agaçant sur le moment. La pluie ne s'est pas calmée, le quadrupède s'apparente à une serpillère vivante.

 

Je reprends le volant, fais demi-tour devant la face outrée du clébard, retrouve non sans mal la nationale, et un oeil sur le compteur kilométrique, l'autre sur la route, je calcule jusqu'où je pourrais rouler sans arriver au point de non-retour. Car vous ne le savez peut-être pas, si on utilise la totalité du plein jusqu'à la dernière goutte, il faut ensuite après le remplissage du réservoir réinjecter de l'essence dans le circuit en utilisant une poire, généralement placée sous le capot... et la poire sous la pluie nocturne, si on peut éviter... (c'était la minute conseil du garage Clo, c'est la seule chose que je sais sur la question, ne m'en demandez pas plus)

 

Je roule, concentrée. Nuit. Pluie, Camions. Nuit, pluie, camions. Nuit, oh une Smart ! Pluie... Pour la seconde fois, ma voiture prend une sortie : Treglamus.

 

Je connais moins bien Treglamus que Loguivy-Plougras. Disons que Loguivy je connais de nom et j'y ai mis les pieds une fois. Treglamus, je connais de nom et je crois qu'il y a une salle de sport... mais ce n'est pas sûr...

 

(à suivre)

 

Partager cet article
Repost0
30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 17:56

Il était 19 heures.

 

Il pleuvait. Fort. La nuit était tombée. Noire. Les camions roulaient. Vite. Enfin, pas si vite que ça parce qu'avec la pluie et la nuit, on ne peut pas rouler aussi vite qu'on le voudrait. Ils roulaient à la même vitesse que moi les camions. Je veux dire moi dans ma voiture. Je veux dire, ma voiture roulait et moi j'étais assise dedans.

 

Il pleuvait. Des seaux, pas des petits seaux, des grands seaux remplis d'eau glacée. La nuit était si noire que les chats en étaient gris anthracite. Et devant, derrière, sur la droite lorsque j'arrivais à les doubler, sur la gauche lorsque je me faisais doubler, les véhicules pressés et leurs lumières vives s'associaient pour créer un tourbillon éprouvant.

 

En six mots : le déluge, les ténèbres, le vertige.

 

Il restait plus d'une demi-heure de route.

 

Et là sur le tableau de bord, le voyant du carburant s'allume...

Je suis à plus de 60 kilomètres de mon lieu de destination. Je viens de passer la dernière station essence il y a plus de dix minutes. Et avec le déluge, les ténèbres, le vertige, impossible de me repérer.

 

Les voitures filent. Les panneaux indiquant les sorties sont à peine visibles tant l'obscurité les enveloppe. Et la petite lumière orange en forme de pompe à essence me nargue insidieusement.

 

Le premier nom qui m'est familier fait bifurquer ma voiture vers une sortie : Loguivy Plougras...

 

(à suivre...)

Partager cet article
Repost0
28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 21:38

Noire et blanche, jaunie, doucement surannée,

Dans son cadre en argent, sur le mur de l'entrée,

Où les aïeux sourient de leurs premières rides,

La photo est restée mais la maison est vide.

 

Le journal d'un matin traîne sur une table

Et sur le vieux buffet à l'équilibre instable

Une lettre affranchie d'une ancienne Marianne

N'arrivera jamais à la grand-tante Jeanne.

 

Bien sûr l'air poussiéreux est chargé de mémoire,

De rires et de larmes, et de petite Histoire,

Mais comme elle est sereine la maison du grand-père

Qui sans l'avoir cherché est parti centenaire.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 11:15

Sur le bon coin, j'ai acheté

Une armoire et un canapé

Du terreau de la confiture

La légende du roi Arthur

 

J'ai aussi trouvé un chaton

Tout rond et petit patapon

Des pelotes de laine usée

Tout ce qu'il faut pour l'amuser

 

J'ai même recherché un emploi

Dans mon secteur y en avait pas

Mais si j'avais été coffreur

Là j'aurais trouvé mon bonheur

 

Sur le bon coin j'ai voulu vendre

Un livre sur les salamandres

J'ai proposé des cours du soir

Personne n'est venu me voir...

 

J'ai tant rêvé en regardant

Les maisons, les appartements,

Les voitures et les locations

A la mer pour le réveillon...

 

Puis je suis mort

Alors...

 

Sur le bon coin ils ont vendu

Le canapé qui avait vécu

L'armoire était un peu cassée

Alors un voisin l'a gardée

 

Le chat est tout seul à présent

Que vont-ils faire de mon gourmand

De mon poilu, mon compagnon ?

Faudrait qu'ils lui trouvent une maison

 

Sur le bon coin ils ne disent pas

Que tout ce qu'on trouve ici-bas

On ne l'emporte pas là-haut

Pour ceux qui restent c'est du boulot

 

Mais avec l'argent dégagé

Pour Noël ils se sont payé

Une nouvelle paire de skis

Et une bouteille de whisky

 

Rien ne se perd, tout se transforme

Le terreau a donné un orme

Le vieux livre a nourri un feu

Mon chat rend quelqu'un d'autre heureux

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0